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le blog du Pays de Thorame
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12 septembre 2009

Où sont passés le Qu'es aco ? et l'Escougène ?

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Ces deux titres de presse ne parleront pas forcément à tout le monde, et pour cause ils ont tout deux disparu il y a maintenant une trentaine d'années. Qui étaient-ils ?

A l'aire des média numériques le journal papier nous parait un peu dépassé, la multiplication des blogs personnels, politiques, associatifs, et la souplesse éditoriale qu'ils autorisent, renvoient le média papier au Moyen Âge de la communication, et pourtant il a joué un rôle essentiel tout au long du XXème siècle, d'autant que les autres médias (télévisions, radio) ont longtemps étaient contrôlé par le pouvoir. Ceci est vrai aussi pour notre vallée.

Le Qu'es aco ? journal du Haut Verdon, est né en janvier 1972 et constituait alors le premier journal d'information "trans-village", (en réalité, il s’agit d’une reprise du titre du journal communal de Beauvezer crée lui en 1961). Il était principalement l'organe des élus locaux et on y trouvait toute sorte d'informations sur les différentes politiques d'aménagement et de travaux en cours. Le ton restait polissé et bien séant. Mais époque oblige, une bande de joyeux troublions, bien décidés à mettre le nez dans les affaires locales, s'aventurent peu de temps après dans la création d'un journal bien moins institutionnel : l'Escougène ; l'après mai-68 et la libération des esprits s'y ressentent nettement. L’étymologie du mot est pour le moins surprenante, mélange du mot français indigène et du mot provençal escoucaren. Sans atteindre le seuil des journaux satiriques de l'époque comme Hara-Kiri ou Charly hebdo, le ton est volontairement polémique et donne la réplique permanente au Qu'es aco ? Outre les sujets tels que l'état des routes locales ou la condition des femmes de la vallée (sujets encore d'actualité), les auteurs s'en prennent souvent violemment aux élus locaux dans leur pratique de la démocratie. C'est le cas de Thorame-Haute où l'on peut lire dans le n°3, un article intitulé Le pouvoir en question qui se veut satire sur le thème de la comparaison entre « la dictature de type fasciste dans une tribu Centre-africaine comparée au pouvoir démocratique de Thorame-Haute »… Les journalistes en herbe des deux bords s'envoient des réponses enflammées. La provocation de l'Escougène semble porter ses fruits, un auteur note que les délibérations du Conseil municipal sont enfin affichées…

Trente ans plus tard, ces journaux nous permettent de nous replonger dans une époque que beaucoup d'entre nous n'ont pas connu : disparition accéléré des exploitations agricoles, arrivées de nouveaux habitants, notamment des estivants et transformation des modes de vie. Il nous renseigne aussi sur l'état politique de la vallée et constituent un véritable témoignage sociologique. Ils restent pourtant d’actualité dans de nombreux domaines : l’Escougène entend : « redonner à tous le goût des affaires publiques » ; sur la vie associative, il incite à la multiplication des contacts, la création d’un annuaire, il propose une réunion annuelle pour partager les projets, et créer des actions communes… Aujourd'hui encore nous avons à progresser de ce côté-là.

 

Je voulais à travers ces quelques lignes rendre hommage à ceux qui ont donné de leur temps pour faire vivre ces journaux et par la même occasion le débat, avec les moyens techniques de l'époque ; rien à voir avec les publications pompeuses et très coûteuses d'aujourd'hui, la presse locale est désormais avant tout communicationnelle, ce qui justifie la débauche de papier glacé. Je voudrais aussi rappeler le rôle de la presse : celui de l'éclairage des esprits et du débat démocratique, qui aujourd'hui fait bien défaut, aussi dans notre vallée. La presse locale (ou "micro locale") est plus portée sur le folklore et la recette de cuisine (ce qui n'a rien de déplaisant) que sur le débat d'idée, comme si la polémique faisait peur : surtout pas de vagues ! Nous aurons sans doute l'occasion d'y revenir.

Si vous conservez ces journaux, ou si vous veniez à en croiser, surtout n'allumez pas votre cheminée avec ! S'ils vous encombrent, envoyez-nous un petit mail on se fera un plaisir de vous débarrasser.

Paul Giraud

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